Devenir parents Parentalité

6 MOIS D’ETRE TA MAMAN

Il y a un an et deux mois, j’apprenais ton existence, ta toute petite existence secrète, au creux de mon ventre. Quelques millimètres d’amour qui allaient changer ma vie… Je vous racontais cette heureuse nouvelle dans mon tout premier article. Ces mots, ces phrases, ces émotions me semblent si loin derrière, un siècle tout entier s’est écoulé depuis… Cette envie d’avoir un enfant, mon enfant, elle me prenait aux tripes depuis quelques mois. Il n’y avait plus que ça qui comptait. Viscéral. C’était ça que j’attendais. J’avais toujours voulu être mère, je le savais, mais le bon moment, c’était quand ? À 20 ans déjà, j’avais failli être maman. Quand je me replonge dix ans en arrière, je me rends bien compte que je n’étais pas prête. Que j’avais encore envie de dormir le week-end jusqu’à 14 heures, de partir sur un coup de tête toute seule à l’autre bout du monde, de décuver pendant 48 heures après une grosse soirée et de claquer tout mon argent sans avoir à réfléchir à demain. Au fil des années, l’envie s’est estompée, peu à peu. Je devenais adulte, je crois. Envie de me réveiller tôt le samedi pour profiter de mes journées. Envie de passer un samedi soir à boire des tisanes dans mon canapé pour être en forme le dimanche (en forme de quoi ?) (favorite joke ever) (personne comprend jamais j’en ai marre…). Envie de faire des choses en pensant à demain. Envie d’acheter une maison (oui papa, ENFIN !).

 

 

J’aime tellement être maman. J’en suis tellement fière. Parfois, je me dis, mais attends meuf, ton père s’est battu toute sa vie pour te donner l’envie d’apprendre, de te dépasser, pour t’éveiller au monde qui t’entoure, pour te donner le goût des sciences, de la nature, de la vie, des étoiles, de l’univers… et toi aujourd’hui, le seul truc qui t’intéresse vraiment, c’est de faire des câlins à ton bébé et de lui chanter Il était un petit homme, pirouette cacahouète… Et bah oui, voilà, j’ai raté ma vocation d’être astronaute, je n’ai plus le temps de lire Sciences & Vie et je n’ai pas découvert de vaccin contre une maladie rare, mais je suis heureuse. Entière. Entière comme la crème fraîche, ouais.

 

 

Je suis maman depuis six mois. Enfin, en vrai, depuis bien plus longtemps. Je suis maman depuis que j’ai vu la deuxième barre s’afficher sur le test de grossesse. Pâle, chétive. Comme mon bébé à sa naissance. Comme moi à sa naissance. Depuis, ses joues sont devenues toutes roses et il rit, il rit à longueur de temps. Mais merde, moi qui ne décroche jamais un sourire sauf si tu me files 100 balles, j’ai réussi à mettre au monde une petite merveille à fossettes qui passe ses journées à rigoler ? C’est fou, la génétique.

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J’écris cet article pour me souvenir de tout ça. Je ne sais pas vous, mais moi, chaque fois que je vis un moment fort, un moment drôle, un moment intense, je me dis que jamais je ne pourrai l’oublier. NEVER. Mais comme tout le monde, j’oublie. Bah ouais les gars, au bout d’un moment faut se rendre à l’évidence. Notre cerveau c’est pas Google Drive quoi. Tu peux pas stocker à l’infini. Au bout d’un moment, il faut effacer des souvenirs pour en créer d’autres. Et le problème, c’est que contrairement à Google Drive, tu peux pas choisir ce que t’effaces, quoi. Tu vois par exemple moi ça me dérangerait pas d’effacer de ma mémoire la fable Le Loup et l’Agneau ou le premier dialogue de mon livre de chinois en 1ère. Si je pouvais les virer pour stocker par exemple le souvenir du premier repas solide de mon bébé, ba j’aimerais autant quoi. Mais on choisit pas, c’est comme ça. On dit toujours que les souvenirs c’est dans la tête, mais c’est pas pour toujours. Alors moi je photographie, j’écris, je filme. Je veux rien perdre de tous ces instants précieux. Un jour, dans longtemps, il ne me restera plus que les souvenirs. COUCOU LA MEUF CONFINÉE DEPUIS QUARANTE JOURS QUI COMMENCE À SE PRENDRE POUR BAUDELAIRE.

 

 

 

 

 

 

 

Être maman. Être ta maman. C’est un article que j’ai envie d’écrire limite depuis le lendemain de mon accouchement. Mais pendant tout ce temps, je me disais « C’est trop tôt ». Un peu comme si j’avais d’abord besoin d’apprendre le métier avant d’en parler. T’sais, c’est un peu comme quand tu débarques dans une nouvelle boîte et que t’es encore en période d’essai. T’es pas encore vraiment prête à faire un discours sur ton nouveau taf, quoi. Je vois les mamans, les vraies, celles qui ont trois enfants entre 2 et 7 ans, qui sont capables d’être en réunion visio et de faire réviser une poésie à leurs gamins à la fois, tout en surveillant le poulet qui cuit dans le four et en prenant l’apéro en même temps. Celles qui sont capables d’habiller trois enfants en 2 minutes trente. Celles qui sont capables de partir en vacances avec 3 gosses et de prendre le train avec deux poussettes, quatre valises et un chien. Celles qui ont un peu roulé leur bosse, quoi. Moi j’ai vraiment l’impression d’être une novice. Genre comme quand t’apprends à jouer au Clair de La Lune au piano puis que tu rencontres Chopin quoi. Tu te sens pas légitime. Puis, je sais pas trop comment l’expliquer, mais je sens quelque fois qu’il y a vraiment cette notion de « paliers » entre les parents, d’étapes à franchir. Il y a un peu cette envie comme quand tu es au collège de montrer aux petits sixièmes que toi, comme t’es en troisième, bah tu sais plus de choses qu’eux. Je jette pas la pierre hein parce que je me rends compte moi-même que ça m’arrive aussi de réagir comme ça. Genre d’avoir envie d’apprendre la vie à quelqu’un qui a un bébé de deux mois parce que moi, j’ai quatre mois d’expérience de plus. Mais je me reprends vite parce que j’ai horreur qu’on me fasse ça. Vraiment. Du coup j’ai un nouveau réflexe dans la vie : avant de dire un truc, je réfléchis à si ça m’énerverait ou pas qu’on me le dise. Bah du coup, depuis, je parle plus.

 

 

 

C’est tellement merveilleux de regarder mon bébé grandir. Jour après jour. Je m’émerveille de tout. Dans la vie, je suis capable de me lasser d’une fringue avant même de l’avoir portée mais par contre, je ne me lasse jamais d’être avec mon bébé, de l’observer, de l’admirer. J’aimais vraiment beaucoup BEAUCOUP la période où il était nouveau-né. J’avais peur qu’il grandisse. Ça m’angoissait tant. Chaque semaine, chaque mois, le compteur qui tournait, ça me remplissait de peur. Je sais pas trop pourquoi. Sûrement parce que j’avais peur que trop vite, il n’ait plus besoin de moi. Il y a un mélange de fierté et de peur, en fait.

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C’est vrai qu’être maman d’un bébé de 6 mois, ça n’a rien à voir avec être maman d’un enfant de trois ans ou d’un ado de douze ans, c’est sûr. J’ai l’impression pour l’instant d’être une stagiaire qui fait des photocopies et qui sert le café, en attendant qu’on me file des vrais trucs à faire, en attendant qu’on me demande de réfléchir et d’utiliser mon cerveau. Il y a pour l’instant pas de grandes décisions à prendre, à part de savoir si tu vas lui donner des épinards ou des poireaux le midi. Est-ce que je serai à la hauteur, plus tard, pour les vraies décisions ? Celles qui auront un impact sur toute sa vie ? Est-ce que je saurai être la maman que je rêve d’être ? Celle qui est à l’écoute, qui est juste, qui ne juge pas ? Je passe des heures entières à contempler mon bébé et à l’imaginer grandir. Même si ça m’angoisse. Ouais bah c’est comme les attractions hein, ça me fait flipper mais j’aime bien les faire quand même.

 

J’imagine à quoi ses traits de petit garçon ressembleront et puis même parfois, je l’imagine adulte. Je l’imagine avoir un enfant à son tour. Je sais, je pars loin les gars hein mais je ne peux pas m’en empêcher. Quand je vagabonde dans l’avenir lointain comme ça, c’est un sentiment bizarre qui m’habite. À la fois, je me sens immensément fière d’avoir créé tout ça. Je veux dire, d’avoir créé tout un petit univers. Oui, mon bébé, tu es un univers tout entier. Je suis ton soleil, hein ? DIS-MOI QUE JE SUIS TON SOLEIL. Et puis à la fois, ça me fait flipper parce que ça me rappelle le temps. Le temps qui passe. Vite. Trop vite. Six mois déjà mais merde, c’était hier que j’étais une enfant moi aussi ? Que mes parents me disaient « tu verras quand tu seras grande… ».

 

Ça y’est, je suis grande. Et moi aussi, bientôt, je dirais des phrases comme ça à mon fils. Et ça me paraît fou. Quand je le regarde aujourd’hui dans ses petits pyjamas, à boire son bibi et à sucer les oreilles de son lapin en peluche, ça me semble dingue de me dire qu’un jour, dans quelques années, j’aurais des conversations avec lui. Enfin, je veux dire, des conversations où je ne suis pas toute seule à parler quoi. Toutes ces petites choses simples. Se retourner sur le ventre. S’asseoir. Marcher à quatre pattes. Manger tout seul. Marcher. Courir. Parler. Chanter. Compter. Toutes ces petites choses simples m’émerveilleront, je le sais. J’ai hâte de les vivre et comme tous les parents, je serai fière de mon bébé comme si c’était un prix Nobel alors que le type a juste attrapé un jouet. Je crois que c’est ça, être comblée. Être rassasiée du passé, satisfaite du présent, euphorique quant à l’avenir. C’est ça le truc, non ?

 

 

En fait je sais pas trop ce que je cherche à faire avec cet article. Un bilan ? Non, ça sert à rien un bilan, puisqu’il n y a que du positif, pour moi. Pas besoin de faire une analyse SWOT pour savoir que je suis heureuse d’être maman et que c’est la seule chose que je n’ai jamais regrettée à un seul instant dans ma vie. NEVER !

 

Je ne regrette pas non plus de vivre cette expérience maintenant, à ce moment précis de ma vie. Je pense que c’était le bon timing. Je l’ai senti. Dans mes tripes. Je sais qu’avant, ça aurait été trop tôt. Oui, il y a encore quelques années, c’était trop tôt. Quand je commençais tous les mois à découvert et que mon salaire servait seulement à combler le découvert pour retourner à zéro, et recommencer. Quand je me demandais tous les matins « Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? ». Quand j’hésitais encore entre faire un enfant ou adopter un hamster. Quand je me demandais si j’avais pas envie de tout plaquer pour faire le tour du monde. Quand j’étais prête à faire un crédit Cofidis pour m’acheter une robe pour une soirée. Quand j’étais trop jeune, trop imprévisible, trop instable. Lui donner vie en 2019, c’était le meilleur moment. Celui où Patrick et moi avions déjà assez vécu de belles choses à 2 pour en vivre de nouvelles à 3. Celui où je quittais Lyon pour la campagne. Celui où je quittais mon CDI pour voler de mes propres ailes (je vais en faire un article, d’ailleurs). Celui où j’étais prête à tout lui donner, à lui.

 

 

 

Voilà, je suis maman depuis 6 mois, les gars. 6 mois et un jour. C’est comme si c’était depuis toujours. Et c’est pour toujours. Il y a beaucoup de rimes en « our » dans cette phrase. C’est drôle, ça rime avec Amour aussi. Avec Bravoure. Avec Velours. Et avec Camembert au four.  

 

 

 

BISOUS 

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