Le temps ne passait pas assez vite au premier trimestre. Finalement, il commence à passer trop vite. Déjà six mois que la vie grandit en moi, bordel, c’est flippant. Est-ce que ça m’a changé ? Oui, beaucoup. Ça ne se voit pas forcément. Enfin, si. J’ai un ventre rond, forcément, ça se voit. Mais les gens me voient toujours de la même façon, je pense. Je passe mon temps à bosser, je suis un peu (beaucoup) râleuse, j’ai un humour pourri, j’aime beaucoup les McDo, je réponds parfois en une seconde à un sms et parfois en trois semaines, parfois je ne réponds pas. Voilà, je suis toujours Clarisse, quoi, mais avec un +1. Mais à l’intérieur, tout a changé. Non je ne parle pas de mon utérus qui fait la taille d’une pastèque, je parle de l’intérieur, encore plus à l’intérieur. Mon âme a changé, ma vision du monde a changé. Je vais être bientôt responsable d’un petit être, alors forcément, j’ai décidé pour commencer d’être responsable de moi-même. Dans la vie, je n’ai jamais eu peur de grand-chose. Bon, j’ai peur des crevettes, CA VA. Mais je veux dire, je ne suis pas une angoissée. L’angoisse souvent me traverse quinze secondes, très fort, puis repart très vite. Je ne me fais jamais trop de souci au quotidien. Mais depuis six mois, je découvre un amour tellement puissant, qu’il me rend plus fragile. C’est fou à quel point quelque chose qui rend si fort peut rendre si faible aussi.
Je vous l’ai déjà raconté dans mon premier article, j’ai eu plusieurs coups de flip au premier trimestre. Et plusieurs à nouveau au second… Je ne sais pas ce que me réserve le troisième trimestre, mais au milieu de toutes les magnifiques choses et les instants magiques, il y a toujours ça. Les mille questions. Le doute. La peur. L’amour trop fort qui fait flipper. Mais il y a aussi le meilleur, bien sûr.
Le meilleur, il est en moi, il me file des petits coups de pied, il me donne envie de manger dix McFlurry par jour et il me donne un peu cette allure de pingouin quand je marche. Le meilleur, je vis avec, c’est sûr. Depuis six mois, je vis un bonheur fou mais aussi des montagnes russes, parfois. Souvent, ma grossesse ressemble exactement à ce que j’imaginais dans mes rêves : elle ressemble à des heures à parler poussettes et siège auto en mangeant une glace dans le canapé, elle ressemble à un bisou sur mon ventre tout rond pour me dire aurevoir le matin, elle ressemble à des regards qui se croisent et qui pétillent quand on sent tous les deux le bébé bouger, elle ressemble à tout ça, oui. À des moments de complicité, à des moments suspendus hors du temps, à des moments où notre plus grande force, c’est d’être tous les trois. C’est ce que j’en retiens, principalement.
Mais raconter la grossesse, ce n’est pas que raconter les moments perchés sur un nuage entre deux mondes, c’est aussi parler de ses peurs. Parfois, la bulle d’amour se fissure et se remplit de questions et de doutes. Et comme dans mon premier article, j’ai décidé de tout vous raconter sans tabou.
Une petite perruche qui grossit !
Au premier trimestre, tout est abstrait. Tu le sais, qu’il y a un mini être humain qui grandit en toi. Mais ça ne se voit pas, ça ne se sent pas. Et surtout, je n’ai aucun symptôme. Au deuxième trimestre, la donne change. Mon ventre s’arrondit, je commence à ressentir ses coups. Au début, ce sont des petites bulles. Tu ne sais pas trop si c’est le bébé qui bouge ou si t’as juste un peu abusé avec les fajitas la veille. Puis au fur et à mesure des semaines, il n’y a plus aucun doute : il y a bien quelqu’un qui fait des galipettes dans mon ventre ! C’est aussi le moment de commencer à acheter les affaires du bébé. Sa chambre se dessine peu à peu. On commence à recevoir des cadeaux de notre liste de naissance. Je porte des robes moulantes que je n’aurais jamais osé porter avant. Je ne pleure plus pendant les prises de sang. Je suis devenue experte du lavage de salade au vinaigre blanc. Les placards se remplissent de bodys minuscules avec des petits lapins. On l’appelle par son prénom et on essaie de pas faire de gaffe devant les copains. C’est si chouette d’être enceinte.
Bye bye Lyon !
J’en aurais presque oublié cette étape en écrivant mon article…et pourtant, c’est tombé en plein dans le deuxième trimestre aussi. Les choses sont allées très vite en ce début d’année. Début juin, à peine plus d’un an après avoir pris notre premier appart à deux avec Patrick, on quitte Lyon pour partir à côté de Mâcon, dans la campaaaaaagne. Un déménagement ce n’est jamais de tout repos, mais encore moins quand on est tarée et qu’on passe ses nuits à réfléchir à des trucs profonds du genre « est-ce que ce coussin ira plutôt sur ce fauteuil ou sur cette chaise ? ». Voilà, un mois avant le déménagement, un mois après le déménagement, je me suis pris la tête toute seule pour trouver tous les meubles parfaits, tous les objets de déco, et puis surtout, pour trouver l’agencement idéal. Et avec moi, c’est au millimètre près. Ce déménagement nous a fait beaucoup de bien, on se sentait plus sereins à l’idée de commencer notre nouvelle vie à 3 dans cette nouvelle maison. Mais c’était une étape de plus à franchir au milieu d’un quotidien déjà très rempli, et pas de tout repos ! Patrick, moi, notre terrasse fleurie, notre four à pain et notre maison avec vue sur un champ sommes prêts à accueillir notre petite perruche de pied ferme (note à moi-même : penser à faire un article déco pour vous montrer notre petit nid douillet avant de déménager à nouveau…).
Col raccourci : au secours !
Voilà : c’était clairement le gros coup de flip de mon deuxième trimestre. Un court coup de flip, mais très gros. Ça m’a un peu mis dans le bain et j’ai compris qu’à partir du moment où tu devenais maman, tu n’étais plus jamais complètement sereine. Je crois qu’il faut s’y faire.
Lors de mon rendez-vous mensuel chez la sage-femme, elle repère au toucher que mon col a l’air d’avoir raccourci. Pour les novices, col raccourci = risque d’accouchement. Comme elle n’a pas de machine pour faire les échos, elle est obligée de m’envoyer aux urgences pour vérifier. En fait, pour résumer, elle constate au toucher que le col est court à l’entrée mais comme elle ne voit pas la taille qu’il mesure derrière, elle ne peut pas se prononcer. Je crois que c’était ça l’histoire. À cinq mois de grossesse, ça ne me rassure vraiment pas, elle a pas l’air non plus très rassurée, mais pas non plus affolée, je sais pas. J’essaie toujours dans ce moment-là de lire des signes dans les yeux des gens pour comprendre le fond de leur pensée. Mais je ne comprends rien, en fait. Je crois qu’elle essaie de me rassurer en m’expliquant que si le col a effectivement raccourci, ils feront tout pour éviter un accouchement prématuré et qu’il faudra que je reste alitée avec une sage-femme qui vient tous les jours pour me faire un monitoring. Ça me rassure pas du tout, ça me panique même complètement.
Devant la sage-femme, j’ai essayé de garder la face. J’essaie de faire ça dans la vie, souvent, de garder la face. Elle me demandait si j’avais des questions, je répondais tout sourire que non, que j’avais bien compris, que j’allais aller aux urgences comme prévu et que je la tenais au courant. J’avais les yeux qui me piquaient et la gorge nouée, il fallait vraiment que je me casse d’ici. Avoir envie de pleurer, c’est comme avoir envie de pisser, c’est vraiment l’enfer de se retenir et d’agir naturellement. Je suis partie, je suis montée dans ma voiture, j’ai écrit à Patrick. Petit contrôle de routine aux urgences mais t’inquiète rien de grave blablabla. Et puis moi, j’ai éclaté en sanglots. Ça n’a pas duré longtemps, non. Mais c’était un chagrin, un vrai chagrin, comme je n’avais pas eu depuis que j’étais gosse je crois. Le genre de chagrin quand t’as oublié ton doudou dans la salle de sieste à l’école et que tu dois dormir sans lui le soir (true story…). Pourtant, il n’y avait pas forcément lieu de s’inquiéter mais moi j’avais juste retenu les mots « urgences » et « accouchement prématuré » et j’avais paniqué. Mais vraiment. Je me suis dit que j’allais rentrer aux urgences et que si ça se trouve, j’allais pas en ressortir. Je ne sais pas pourquoi il se passe toutes ces choses dans ma tête. Je crois que depuis le début de l’année 2019, je me dis qu’on a eu tellement de chance avec Patrick et tellement de bonheur, qu’à un moment, il faut que la roue tourne. C’est sûrement ça qui me fait autant flipper.
Aux urgences, tout est allé très vite. À l’échographie, ils ont tout de suite vu qu’il n’y avait rien d’alarmant du tout et au monitoring, aucune contraction non plus. Pas de risque d’accouchement prématuré pour le moment, mais il faut faire attention et se ménager. Plus de peur que de mal mais dès qu’il y’a un doute, ils préfèrent vérifier. Et finalement, c’est rassurant de savoir qu’ils ne prennent aucun risque. Mon ascenseur émotionnel est remonté dans les sphères positives et chaque fois que j’ai peur comme ça de tout perdre, j’aime encore un peu plus ma vie, ma petite perruche, Patrick et tous les gens magiques qui m’entourent.
Jusqu’à la fin du deuxième trimestre, je suis un peu tiraillée entre l’envie de vivre à fond et celle de me poser un peu pour éviter de m’accoucher dessus à cinq ou six mois de grossesse. C’est vrai qu’à ce stade, ce n’est pas facile de faire la part des choses. Mon corps me permet encore de faire tout ce que je veux au quotidien, je ne me sens pas lourde, je ne me sens pas fatiguée, j’ai l’impression que je peux gravir dix Everest par jour. Mais en même temps, c’est aussi le moment de la grossesse où il faut commencer à lever le pied (lever le pied, ok, mais pour le mettre où ?) pour garder bébé bien au chaud encore quelques mois. C’est pas gagné pour le moment, on a prévu de partir en vacances quelques semaines plus tard…
On s’envole à 2,5 pour Mykonos !
Clap de fin sur le deuxième trimestre…juste avant notre départ à Mykonos, j’ai fait un petit contrôle de routine pour vérifier que tout allait bien et qu’il n’y avait pas de contre-indications à partir. Youpi, tout va bien, le col n’a pas bougé, petite perruche grossit bien et tout est en ordre : je peux partir en faisant attention à bien porter mes bas de contention pendant le vol. Avec Patrick, on s’envole pour Mykonos, nos dernières vacances avant l’arrivée de notre bébé ! Pour ceux qui ne m’ont pas suivie sur les réseaux, vous pouvez retrouver toutes mes stories sur Mykonos à la une sur mon compte @clarisse_lagarde et mon article sur le blog.
Mon deuxième trimestre de grossesse s’achève sur cette île, entre une salade grecque, une promenade au bord de l’eau, le vent dans les cheveux, les petites maisons blanches aux volets bleus et le cœur rempli d’amour et d’étoiles. Le 8 août, je démarre mon troisième trimestre : la dernière ligne droite avant de démarrer la plus belle aventure de ma vie !
Ce que j’en retiens ? Finalement que du bonheur. Les coups de flip que j’ai pu avoir n’ont fait que renforcer tout cet amour que j’ai à l’intérieur. Moi je trouve ça beau d’avoir peur, ça prouve tout simplement qu’il y a des choses auxquelles on tient très fort. Je suis contente d’écrire pour me souvenir de tout ça, car toutes ces sensations, on les oublie très vite. J’ai commencé à écrire cet article en juillet et je le finis aujourd’hui, début septembre. Entre temps, j’ai déjà oublié beaucoup de choses. Et dans six mois, et dans six ans, et dans vingt ans…quand on me demandera comment s’était passée ma grossesse, je répondrai sûrement « Ah je sais plus, bien je pense…je sais plus ». C’est ça que j’aime tant avec les mots, ils rendent chaque moment éternel.
BISOOOOUS ♥