Grossesse Parentalité

1ER TRIMESTRE : DIX MILLE KILOS D’AMOUR ET DE STRESS

Alors voilà. Le 25 Février 2019, pendant la pause-déjeuner, je suis allée pisser et en sortant, bah j’avais plus faim. Je suis enceinte. JE. SUIS. ENCEINTE. Ces mots sont un peu difficiles à prononcer pour de vrai, à voix haute. Être enceinte c’est un peu comme se prendre une porte dans la gueule : même lorsqu’on s’y attend, bah une porte dans la gueule, ça fait tout drôle.

Est-ce que ce moment, je m’en souviendrai dans un an, dans cinq ans, dans dix ans ? Est-ce que c’est vraiment le moment le plus important de ma vie ? Certainement. C’est celui où tout commence. Enfin, plein de choses commencent et plein d’autres se terminent. Et moi, en trois secondes, je me pose dix milliards de questions. Pas forcément les plus logiques. Dans ma tête, ça fuse de  partout !

Bon, il va falloir que je dégage la chambre d’amis et que je trouve un autre endroit pour mon dressing” à “On ne partira pas au Mexique en Mai du coup” en passant par “Putain à Noël prochain y’aura un petit invité de plus”.

Les premiers jours, toute ma vie consiste à faire des recherches sur Google en rajoutant “enceinte” derrière. Faire du sport enceinte. Raclette enceinte. Vacances enceinte. Faire les courses ? Une tannée ! Je ne scanne pas tous les ingrédients sur Yuka comme les autres, je cherche sur Google si j’ai le droit de les manger. Alors oui, à condition que ce soit une pâte molle sans croûte pas affiné blablabla j’ai déjà tout oublié. Soudainement, je me transforme en immense radar qui se met à biper très fort dès qu’il y a un aliment interdit dans un plat. Blanquette de veau ? BIP BIP BIP, si c’est la recette à l’ancienne, il y a un jaune d’oeuf à la fin dans la sauce. Listériose, toxoplasmose, salmonellose. Plein de truc en “ose” et moi au final, ba j’ose plus rien bouffer.

Le premier RDV chez le gynécologue

La vie est quand même bien faite parce que j’avais un rdv chez le gynéco le lendemain, mais que j’avais pris bien avant pour un contrôle de routine. Ca tombait à pic. Ca allait être tout, sauf un contrôle de routine, du coup. C’est une nouvelle gynéco, que je ne connais pas. Elle me fait mon dossier, me pose tout un tas de questions.

Vous avez des enfants ?

-Euh non mais je suis enceinte.

Elle sourit. Puis se ravise.

-C’est une grossesse désirée ?

-Oui oui un peu soudaine mais désirée.

Ca me propulse une bonne dizaine d’années en arrière. J’étais déjà tombée enceinte. J’étais toute seule dans mon studio parisien de 20m2 à 750€ par mois, j’avais 20 ans, je ne savais pas ce qu’il fallait faire. Alors j’avais appelé l’hôpital et j’avais dit :

-Je viens d’apprendre que je suis enceinte.

Ils m’avaient répondu :

-Vous appelez pour prendre rendez-vous pour la maternité ?

-Euh non pour avorter.

Je m’étais retrouvée devant un gynéco affreux, sans âme, qui tuait les bébés un peu comme s’il jetait une pomme de terre germée. Et là, dix ans plus tard, j’allais vraiment avoir un bébé pour de bon. Et la gynéco avait l’air sympa.

Premier rdv à quelques semaines de grossesse : il n’y a pas grand-chose à faire, juste pas mal d’informations à avaler d’un coup, et tu te démmerdes avec. Heureusement, à bientôt 30 balais, t’as quand même pas mal de monde dans ton entourage qui a déjà pondu avant toi donc toutes tes copines ou connaissances qui sont déjà mamans, dans ta tête, ça devient ton doctissimo à toi. A la fin du premier rdv, en fait, on se retrouve un peu comme une conne. On sait qu’on est enceinte, ouais, mais c’est trop tôt pour voir un truc dans ton utérus. Pour toi, c’est déjà concret, tu t’imagines déjà amener ton gamin au bac dans 17 ans, mais dans la réalité, il n’y a rien, encore. Jusqu’au prochain rdv, tu ronges ton frein. Et tes ongles.

Un petit cœur qui bat

Ce qui est bien avec moi, c’est que je n’envisage jamais le pire. JAMAIS. Lol…à peine rentrée ma vie est devenue une espèce de recherche Google géante. Je me suis mise à lire plein de témoignages sur les grossesses non évolutives, extra-utérines etc. J’avais peur de tout. Que ça soit un œuf clair, que son cœur ne se mette pas à battre, qu’il se développe en dehors de mon utérus, qu’en fait, je ne sois pas enceinte et que ça soit une erreur. Bref, le prochain rdv était dans un mois : le mois le plus long de ma vie, sérieux… Les premières semaines, j’avais souvent très mal au ventre, comme pendant mes règles. Alors à chaque fois, je me disais que je faisais une fausse couche. Quand t’as l’impression de faire une fausse couche 18 fois par jour, ta vie devient un peu fatigante. Surtout que tu ne peux en parler à personne. A part à ton mec. Mais je sentais déjà dans le regard de Patrick un truc qui voulait dire “Tu vas pas commencer à me casser les couilles au bout d’un mois sinon je te fous par la fenêtre avant la fin du premier trimestre” (bon, Patrick, sérieux, on habite au rez-de-chaussée…)

Le premier mois, j’étais juste dans l’attente. Je ne sortais pas trop avec mes copines car c’était pas facile de m’inventer une vie “Non je bois pas ce soir je me lève tôt demain” ou “Oh non j’ai pas envie de charcuterie, j’ai plutôt envie de manger du coleslaw, c’est nul le saucisson”. HASHTAG GRILLEEEEEEE.

Le 26 Mars, c’était enfin la délivrance : rdv chez le gygy.

Oui, quand t’es enceinte, tu ne dis plus jamais “Gynécologue”, tu dis “Gygy”, tu écris ‘”Gygy” dans ton agenda, tu penses “Gygy” (Vous avez une crêpe ? Vous avez du sucre ?) (Oui, gigi, les bronzés, tout ça…)(bon ouais ok c’est nul d’expliquer une blague…).

Je m’assois, elle me pose des questions, j’écoute pas ce qu’elle dit je suis déjà limite en train de retirer ma culotte et de foutre les quatre fers en l’air comme une jument. Le type (le bébé) est à ce stade “un sac gestationnel”, comme te le dit la gygy.

Eh oh parle pas de mon gamin comme ça ! C’est toi le sac gestationnel, déjà !

Moi, je m’en fous de ces histoires de sac, je cherche un cœur qui bat sur son écran. Je trouve pas. Il a pas de cœur le type ou quoi ? Et puis, elle me dit :

-Vous voyez ce point qui clignote?.

Je me dis :

-Ouais moi aussi meuf ça fait ça sur ma TV quelque fois, pas facile les vieux écrans….

C’est son petit cœur qui bat

MOOOOOOOOOW.

Je crois qu’à l’intérieur de moi-même tous mes organes descendent d’un étage et je me transforme en 57 kilos d’amour de petits lapins de petits oursons de love de tout ça. Voilà, je suis rassurée. L’oeuf est devenu un sac, le sac a un cœur, tout va bien. Ca dure trois secondes puis elle me dit “Bon par contre je dois vous dire, il y a un petit décollement du placenta”. Hein ? Quoi ? Décollement de qui de quoi ? “C’est pas forcément grave mais je dois vous le dire car ça peut être un risque de fausse couche”. Ah ouais…ça tombe bien, c’était déjà pas ma plus grosse crainte ! J’avais lu qu’une femme sur 4 faisait une fausse couche au cours de sa vie et il n’y avait rien qui m’angoissait plus que ça. Avant d’être enceinte, très honnêtement, je me disais que les femmes qui faisaient une fausse couche avant 3 mois, c’était quand même pas bien grave. Après tout, c’était juste un sac gestationnel. Sauf que quand le sac gestationnel il est dans ton ventre à toi, c’est juste l’amour de ta vie, même si le type mesure la taille d’un grain de sésame.

Décollement du placenta : coup de stress

Bon alors voilà…j’ai passé les deux semaines les plus longues de ma vie je crois. La gynéco m’a conseillé de rester “tranquille” et de ne pas trop en faire. Pas forcément évident aussi tôt dans la grossesse de se ménager, quand en plus, personne n’est au courant de ce qu’il se passe dans ton corps. J’avais des déplacements de prévus, beaucoup de boulot…j’ai fait au mieux. Mais je peux vous dire que je redoutais une seule chose : aller aux toilettes (ce qui arrive à peu près 68 fois par jour quand tu es enceinte) et perdre du sang.

J’avais un rendez-vous deux semaines plus tard pour vérifier l’évolution et en attendant, je parcourais tous les forums. Je me suis rendue compte que le décollement était très fréquent, à un stade plus ou moins avancé de la grossesse. Mais quand le décollement arrive très tôt et qu’il est plus gros que le bébé lui-même, tout le monde conseillait de rester totalement alitée pour qu’il “s’accroche”. D’un côté, je culpabilisais de continuer à vivre normalement, de l’autre côté, je me disais “c’est bon, je vais pas commencer dès le premier trimestre à me mettre en arrêt”. En fait, on sait pas trop comment réagir.

Trop s’inquiéter, pas assez s’inquiéter…bref, j’ai fait au mieux.

Deux semaines plus tard, le décollement était toujours là mais le bébé avait bien grandi, c’était moins inquiétant. Je respire à nouveau mais cette histoire m’a laissé un putain de goût amer dans la bouche.

En fait, il est là sans être là, je l’aime déjà de tout mon cœur, mais à n’importe quel moment, tout peut s’arrêter.

Être enceinte : les trois premiers mois

C’est surtout cette peur de faire une fausse couche qui me trotte dans un coin de la tête pendant les trois premiers mois. Je ne sais pas pourquoi, je me dis certainement que je suis tombée enceinte trop facilement et que le destin va me rattraper. J’ai la chance à côté de cela de vivre une super grossesse sur le plan physique : pas de nausées, pas de douleurs, pas vraiment de symptômes en fait. Je finis même par regretter de ne pas avoir de symptômes car je me dis que ça m’aiderait à sentir qu’il est là. SUIS-JE UNE PERSONNE FOLLE ? OUI MADAME !!!! Bon, je suis juste fatiguée, tout le temps. Je me tape des siestes de 3h le week end. Mais pour moi, ce n’est pas un désagrément, j’ai enfin une excuse pour dormir et qu’on me foute la paix, je vais quand même pas me plaindre !

La première écho des trois mois : la délivrance

Le 23 Avril 2019. Un rendez-vous marqué dans mon agenda, attendu avec impatience. La première écho officielle, c’est pas rien quand même. C’est le moment charnière où tout devient réel, où ton bébé est administrativement reconnu, où le risque de fausse couche diminue considérablement. Et surtout, où ton bébé ressemble vraiment à un petit être humain.

Je faisais des échographies chaque mois avec ma gynéco mais il ressemblait surtout à une tortue ou à un lézard dans un aquarium. Pour la première fois, à l’écran, c’était un vrai bébé qui apparaissait. Et surtout, le papa (oui Patrick c’est toi le père, tkt) pouvait être là pour en profiter aussi. Bon, j’essayais pas mal de tenter des eyes contacts avec Patrick mais avec l’écran juste au milieu de nous deux, je ne le voyais pas tant que ça finalement. Mais je trouvais ça si beau comme moment. Je sais pas trop comment mettre des mots là-dessus mais dans la grossesse, il y a une partie que je trouve si magique…

Voir l’homme qu’on aime devenir papa petit à petit.

Enfin, Patrick, même en salle d’écho, il perd jamais le nord. Parfois, t’as l’impression que dès qu’il va dans un endroit, il veut le racheter et créer une entreprise. “Donc là vous faites combien de consultations par jour en fait ? Ah ouais, et donc là quand vous prenez du retard sur une écho, ça vous décale toute la journée quoi. Et vous faites les accouchements aussi ? Vous exercez ailleurs ?” QUEL EST VOTRE GROUPE SANGUIN ? QUEL EST LE METIER DE VOS PARENTS ? QUELLE EST LA DATE ET L HEURE DE VOS DERNIERES MENSTRUATIONS ? Pardon. Il me fait rire, en fait. T’as l’impression que peu importe à qui il parle, il te fait dans sa tête une cartographie de la personne avec son planning détaillé et sa fiche de poste en deux secondes. Patrick est fait pour être un grand directeur, je le sais ! Mais en attendant, il va déjà devenir le meilleur des papas <3

L’écho des trois mois est passée…nous allons enfin pouvoir l’annoncer…quel soulagement : le bonheur devient tellement plus fort quand il est partagé !

Cap sur le deuxième trimestre, que j’ai aussi très hâte de vous raconter !

Bisous <3

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